Dans la nuit, le bruissement du drap me tire du sommeil dans lequel j’étais plongé. L’esprit embrumé, je suis baigné par la douce clarté de la nuit qui entre par la fenêtre, au dessus de ma tête. Dans les brumes d’un demi sommeil, je ne la comprend pas cette clarté. Dans la chambre de mon appartement, la fenêtre n’est pourtant pas au dessus de mon lit. Je suis un peu désorienté.
Dans ma chambre, les oreillers n’ont pas cette forme non plus. Et dans ma chambre, le chat qui vient parfois s’y réfugier n’est pas noir : ce n’est pas mon chat qui ronronne doucement en me fixant de ses yeux brillants, la, couché au bord du lit. Ce n’est d’ailleurs même pas mon lit. Ce n’est pas ma chambre. Ce n’est pas chez moi.
Toujours en regardant le chat qui ne me quitte pas des yeux, je tend le bras derrière moi, et je sens la chaleur d’un corps. Je pose ma main sur la peau nue d’un torse animée par le lent va et viens d’une respiration paisible. Sous cette peau, enfoui sous ces muscle, sous cette chair, je sens au creux de ma paume les palpitations sourdes d’un cœur endormi. Tandis que je me laisse bercé par le rythme régulier qui monte de ce corps allongé à coté de moi, je me souviens. Je me souviens d’ou je suis, je me souviens de chez qui je suis. Je me souviens, et je souris avant de replonger dans un sommeil bienheureux en emportant dans mes songes ce sourire qui me réchauffera pour le reste de la nuit.
Un an. Cela fait un an que je n’avais pas trompé ma plus fidèle compagne. Pour avoir si souvent dormi avec elle, je m’en suis fait presque une amie, une douce habitude*. Parfois je lui dis que je la déteste en la repoussant de toute ma hargne. Mais elle ne me quitte pas pour autant. Il faut croire qu’elle tient à moi pour venir se glisser à mes coté chaque nuit en prenant toute la place. Elle me prend par les épaules en me soufflant à l’oreille qu’elle est revenue, qu’elle ne me quittera pas d’un pouce, qu’elle sera toujours la pour me border. Je lui dis de se taire en me retournant pour ne plus la voir. Même au bord du lit, contre le mur, je la sens qui jubile dans mon dos, heureuse d’être encore la, et malgré tout je finis toujours par m’endormir dans ses bras, dans les bras de ma solitude.
Et cette nuit, je l’ai trompée cette garce. Le plus frustrant pour elle, ce doit être que je ne l’ai pas trompée uniquement pour le plaisir de le faire, non, parce que ça j’en ai eu mille fois l’occasion, mais je l’ai vraiment trompée. J’ai rencontré celui qui m’a donné envie de l’oublier et non pas de la remplacer. J’ai rencontré celui sur le corps nu de qui j’ai doucement posé ma main quand je me suis réveillé au cours de cette nuit la.