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Commentaires

phil

C'est étrange comme les choses se ressemblent.

Je te fais un copier-collé de ce que j'ai écris sur un autre blog (Entre deux, lisible sur http://20six.fr/essayerencore)


"Je me souviens...

Je me souviens de cette salle d'attente où j'ai eu le sentiment de me croiser lorsque j'y suis entré.

C'était le 26 mars 1993, il y aura bientôt dix ans... Encore un non-hasard.

Cette salle d'attente, à Saint-Etienne, avec les fauteuils de jardin ALLIBERT en plastique blanc.

Je me souviens...

C'était une ancienne chambre du dispensaire anti-vénérien qui avait été repensé en salle d'attente. Le glauque n'a jamais atteint le sommet de la décoration de cette salle d'attente...

Un mois plus tôt, j'étais déjà venu, la peur au ventre, faire le test. La veille, à la télévision, Pascal de Duve disait que les séropositifs voyaient des couleurs que personne d'autres ne pouvaient voir. Cargo Vie. Cyril Collard agonisait. Hervé Guibert était déjà mort, comme Foucault. Moi, j'étais en province, je rêvais de Paris, et je m'ennuyais.

26 mars 1993.

Mécaniquement, je feuilletais Paris Match (un vieux numéro) qui faisait sa Une sur la mort de Jacqueline Maillan. Tout est demeuré précis. La porte qui s'ouvre. L'infirmière qui vient me chercher. Le docteur Le P., la stature altière et le crâne chauve qui avait posé son imper beige sur un méchant perroquet. Une enveloppe kraft sur le bureau.

Une feuille blanche avec un tableau. Des signes "moins" partout, sauf dans une case : un +, une croix. J'avais compris ce que je savais déjà.

Et le toubib de me direavoir dépisté un "profil de début de séroconversion" (je me souviens des mots). Circonvolutions incompréhensibles.

Ca veut dire quoi ? Je suis séropo ou pas ? Le toubib est blême. Moi, je n'ai plus une goutte de sang qui circule dans mon corps.

On fait quoi ?

Je n'ai plus de jambes.

J'ai 23 ans. Je suis un gamin. Je suis paumé. J'ai peur. Je suis resté silencieux.

Glacial.

Mais presque soulagé. Choqué ? Affecté ? Je ne sais plus. Le toubib avait un autre rendez-vous après (soulagement - le sien -). Il m'a filé le numéro d'une assistante sociale. Au revoir Monsieur, merci, au plaisir...

Je me souviens.

Ca ne s'oublie pas.

C'était en province, en 1993...

Je trouve ça pathétique d'écrire ce moment, de l'écrire comme ça. Je l'ai écrit des dizaines de fois, mais toujours de la même façon, avec la même théâtralité... Ca devait vraiment être comme ça.

C'était en province, en 1993. On crevait du Sida, et c'était presque devenu à la mode. A Paris, les folles d'ActUp se couchaient dans les rues, avec des tee-shirts "sida is disco"...

Ca ne s'oublie pas.

Quand toi, tu crois être à 500 bornes du centre de ta vie, que t'es un gosse, que tes parents sont des vieillards avant l'heure, que tu te sens une folle, toi aussi... Tu pètes un câble.

J'ai pété un cable que je n'ai jamais pu ressouder. Aujourd'hui, j'assume.

J'essaie. "

lunatix

félicitations , très bien écrit. continue. cela te fera beaucoup de bien et en plus c' est moins cher qu'une psychothérapie.Vive la bloggothérapie.

babar

Salut !
Ce que tu écris m'a beaucoup ému.
(même si, contrairement à ce que dit Lunatix, il n'y a pas de "bloggothérapie" - mais souvent au contraire, bien des fantasmes et des frustrations qui s'accumulent, et qui restent).

Mais toi, tu écris les choses d'une façon douce, simple, honnête. Tu n'attaques personne, ton discours semble dépourvu d'animosité... ça te rend d'autant plus touchant. (ta photo, où tu paraîs jeune et sensible, accentue cette impression).

Face à l'absurdité et à l'injustice de la vie, on dirait que tu veux te mettre à nu complètement
(c'est peut-être en partie lié à ton analyse).
Du coup, et paradoxalement, ça nous renvoie un peu à nous-même, on se trouve nul.
En tout cas, j'espère que ce n'est pas à cause de l'effet de nouveauté du blog, que tu t'exprimes d'une façon si touchante. :)

Je te souhaite de retrouver bientôt le bonheur et l'apaisement que tu recherches !
(et continue ton analyse, les psys peuvent être cloches des fois, mais leur écoute est neutre, dénuée de bons ou de mauvais sentiments, et c'est une expérience utile)

Baptiste

Matoo

Quand je suis allé chercher les résultats la dernière fois, je me suis demandé comment ce médecin pouvait me l'annoncer justement. Il ouvre son enveloppe devant moi, comme s'il allait nommer un prochain césar de je ne sais quoi. Et à ce moment là, je me demande bien la tête qu'il m'aurait tirée pour dire que je l'avais chopé. De toute façon, il n'y a certainement pas de bonne manière...

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