C'était il n'y a pas si longtemps...
00h30
Et soudain, je reprend conscience de tout ce qui m'entoure. Je me met a trembler: j'ai froid. Le vent s'est levé, il se glisse entre les pierres et les colonnes alignés autour de moi. Ma joue me lance. La douleur me fais porter la main à mon visage. Il est poisseux du sang qui commence a sécher.
Je me relève péniblement. Je vacille sous la douleur, j'ai mal partout.
De mon bras endolori j'essai de remettre en place mes vêtements a demi-déchirés, puis je marche péniblement vers la sortie, vers cette porte verte en métal que je ne quitte plus des yeux. Il n'y a pas âme qui vive, pas un bruit a part le crissement des graviers qui me vrille les tympans. J'accélère le pas autant que je le peux, il me faut sortir a tout prix de ce royaume des morts ou l'on m'a fait faire une incursion.
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23h45
Ma joue frotte contre la pierre. Je ne sens même pas la douleur, je constate simplement que ma joue frotte contre la pierre.
J'ai quitté mon corps, Je me regarde de haut, je les regarde de haut.
Autour, tout est calme, la nuit est fraîche. Dans le ciel, juste un voile de nuage qui cache a la lune ce qui est en train de ce passer ici.
Je ne sens plus rien, juste cette impression de frottement qui m'égratigne la peau, et puis cette sensation de tiédeur moite sur ma joue: mon sang.
Il est un peu moins de minuit, je suis dans un cimetière. mauvais poncif d'un film d'horreur. mais ce n'est pas un film, juste l'horreur.
Je suis terrorisé, paralysé. Je me laisse faire. J'ai bien tenté de résister, mais six bras m'entourent, six mains, six poings.
au début, je me suis débattu et a chaque coup que je donnais j'en recevais trois en retour.
Je ne résiste plus, ça ne sert a rien. Pour me défendre j'ai trouvé un autre moyen: je suis parti. j'ai ferme les yeux, fermé ma conscience et j'ai quitté mon corps en attendant que le pire se passe. Je ne suis plus qu'un pantin entre leur main, un corps vide et désarticulé.
Je suis impuissant, maintenu, poussé, tiré, retourné. Ma joue frotte contre la pierre, et je me regarde depuis la haut.
autour de moi, il y a eux, et puis encore autour, ces pierre tombales qui soutiennent une forêt de croix érigées vers le ciel.
sur moi, il y a eux, et sous moi, cette pierre, dure, rappeuse, qui m'entame la joue, râpe mes chairs.
Je ne pleure pas, je ne cris pas. De toute façon, je n'habite plus mon corps, ce serai insoutenable.
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23h.
je suis chez moi et je finis mon dîner par un petit café. Je me dépêche, on m'attend en ville pour aller boire un verre.
Un pull, ma veste, un peu de parfum.
Dehors, il ne fait pas très chaud. La nuit est claire. Je longe la rangée de voiture. La mienne est garée la bas un peu plus loin, le long du mur d'enceinte du cimetière qui est derrière ma résidence. Je la vois, dépassant des autres. Ca me fais sourire: elle est mal garée, comme d'habitude.Je doute qu'un jour j'arrive a la garer bien droite, bien alignée contre le trottoir. Moi et les créneau on a jamais réussi a s'entendre.
Un bruit de moteur au ralenti se fait entendre derrière moi et me tire de mes considérations sur mes talents de conducteur. Je ne me retourne pas.
Une voiture se gare sur le coté, presque a ma hauteur.
Je continue mon chemin sans me détourner.
j'entend juste derrière moi deux portières qui s'ouvrent
-s'il vous plais?...
Je m'arrête et me retourne, il n'y a que moi dans la rue.
-Oui?..
Deux personnes s'avancent vers moi.
Ils sont perdus, m'expliquent-ils un plan a la main.
Ils me demandent si je peux leur indiquer ou ils trouvent exactement. J'hésite un quart de seconde, et sans trop me méfier, je m'approche pour regarder le plan a moitié déplié.
j'essai de repérer mon quartier, je me penche un peu et plisse les yeux pour distinguer le nom des rues. La lumière est faible, je pose ma mains sur le plan que me tend l'un des deux hommes pour l'orienter un peu vers la lumière du réverbère le plus proche, celui qui se trouve près de l'entrée du cimetière, et je me penche encore un peu plus sur la carte.
Un troisième passager descend de la voiture. Je le sens et l'entend s'approcher derrière moi.
Soudain, j'ai un pressentiment, un petit pincement d'alerte au creux du ventre.... mais il est trop tard...
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1h15
Il est plus d'une heure du matin maintenant.
Je suis sous la douche. Depuis plus de vingt minutes, je suis assis dans la baignoire, me frottant et me re frottant autant que la douleur me le permet. Je frotte pour essayer vainement de me nettoyer. Ma peau en est rougie, mais la salissure n'est plus physique... l'eau n'y changera rien, elle ne fera plus rien partir maintenant. Je veux me persuader du contraire et reste ainsi sous le jet brûlant.
j'aimerai rester comme ça, au chaud, prostré, les bras entourant mes genoux remontes sous le menton. Ne plus bouger, ne plus penser, tout effacer...
Je me fais violence pour couper l'eau. Je me sèche, et mon regard croise mon profil dans le miroir. Je me tourne complètement pour faire face a mon reflet. Je suis complètement nu, et ce que je vois me répugne.
Je vois un visage égratigné, des lèvres boursouflées, des éraflures de la hanche jusqu'aux épaules, des hématomes qui commencent a jaunirent sur le bras et sur les cuisses. je me regarde, et au delà des marques je vois un homme blessé dans son amour propre, souillé, violé.
J'oscille entre la colère brute, le désir de vengeance et la soif de me déchaîner sur trois sous-hommes d'une lâcheté sans nom que j'aimerai traquer jusqu'a leur faire cracher des excuses. J'aimerai les entendre m'implorer de leur laisser la vie sauve... Je ne me reconnais plus, mes traits se crispent en un masque de haine. J'ai soif de violence, j'ai envie de les voir souffrir, souffrir, souffrir, pour les faire payer...
Et puis je prend peur. Je regarde dans les yeux cet homme au regard de fou dans le miroir, il me fais peur, je me fais peur. je ne me reconnais plus.
Non, je n'ai pas le droit d'avoir autant de haine en moi, je ne suis pas comme eux, je ne suis pas comme ça.
Mes envie de bestiales vengeance m'effraient.
Je commence a sentir une boule dans la gorge, et les larmes me montent aux yeux. Je ne cherche même pas les retenir. Je me laisse aller, m'appuie contre le mur et glisse lentement pour me retrouver assis par terre, nu. Je sanglote comme ça, comme un gamin pour évacuer toute la tension qui m'étouffais.
J'ai mal au ventre, j'ai envie de vomir.
Je ne bougerai pas, je resterai comme ça un long moment
La nuit passera sans que je puisse fermer l’œil, ce ne sera qu'au petit matin que la fatigue aura raison moi et me plongera dans un demi sommeil perturbé par les flashs d'images que je voudrai oublier...
Et je sais bien que je n'oublierai pas. Il faudra que je vive avec. Je suis grand, je me relèverai de tout ça... je me relève toujours... comme pour tout le reste...
Il n'y a qu'a esperer que ces gens là ne savaient pas ce qu'ils faisaient, sans quoi ils ont, j'en ai bien peur, perdu toute la dignité qui caractèrise l'Homme et nous place comme maillon central du reigne vivant... Une chose elle est certaine, c'est que toutes ces expériences,heureuses et terribles, grandes et petites, belles et laides, vous ont forgées une vie qui mérite d'êter racontée...et pourquoi pas un jour, contée...
Rédigé par : Yohann | dimanche 19 avril 2009 à 16:15