Aujourd'hui, premier rendez-vous avec mon nouveau psy. Il faut bien l'avouer, ce n'est pas en ayant fuit et en tentant de recommencer une nouvelle vie ailleurs que mes problemes et mon mal etre ne m'ont pas suivi!!au contraire, je ne me suis jamais senti aussi mal et aussi bien de toute me vie. Paradoxe dechirant auquel il faut que je trouve un explication qui m'echappe.
J'ai rendez-vous à 13h30.
A 13h, je suis devant la porte. Il est trop tôt, je ne sonne pas, je fais le tour du paté de maison. 13h 10, le pate de maison est vite fait. j'evite le regard des passants qui, j'en suis certain, me regardent en se disant: "mais ça fait deux fois qu'il passe par ici, il tourne en rond, ce n'est pas normal, il doit etre fou, il a un probleme..." Je repasse devant la porte comme si de rien n'etait, je flane, je fais semblant de me promener.
J'entame un second tour, en l'élargissant: puisque j'ai fais le tour du paté de maison en 10 minutes, si je fais le tour de deux pates de maison, cela devrait me mener jusqu'a 13h30. Je marche, il fait froid. Je serai nettement mieux dans un café, tranquillement a attendre l'heure, en buvant un café, mais cela est au dessus de mes forces. Je ne peux pas, je prefererai, mais je ne peux pas... pourquoi?? je ne sais pas!!
Me revoila devant la porte, il est 13h30, je sonne, un bourdonnement me repond, je pousse la porte qui cede sous ma pression. Sentiment de victoire...????!!!
J'ai lu sur la plaque que le cabinet medical se trouvait au deuxieme etage. Je gravis les maches, je tourne en les suivant... "Cabinet medical": cela veut dire qu'il y a plusieurs praticiens dans le même cabinet. Je n'aime pa ça. Je prefererai etre le seul, attendu par une seul personne. Au lieu de ça, je vais etre un patient parmi d'autre, attendu par un psy parmi d'autre. Mon ego en prend un coup. Je n'aime pas ça...
J'arrive au deuxieme étage. "entrez sans sonner". Les mots "sans sonner" me rassurent: ainsi, j'entre en me disant que je le peux, sans surprendre. Je suis attendu, et je n'ai pas besoin de sonner puisque l'on m'attend.
Un couloir. De part et d'autre, des portes fermées avec les noms des sauveurs qui y officient. Mr X, MmeY, Dr W... ils sont cinq. Le club des cinq.. Au bout, il y a une porte ouverte sur laquelle je lis: "salle d'attente". Tres bien, je vais attendre.
Dans cette piéce aux fauteuils confortables, il y a deux personnes.... Pardon, trois: une dame d'une cinquantaine d'années, et une jeune femme avec un bébé dans son landeau.
Je m'assois en bredouillant un inaudible "bonjour". Et puis j'attend....
13h40, personne n'est venu me chercher. J'angoisse. Et si on avait oublié mon rendez-vous?? Et si, en fait, j'avais révé ce rendez-vous??? est-ce qu'on m'attend vraiment pour parler de mes angoisses, ou est ce que je suis ici dans un vide siderale, piece rapportée dans le vrai desarroi des vrai gens dont je ne fais pas partie.
J'inspire un grand coup. Arrête de délirer mon grand. Le medecin est en retard sur ses rendez-vous, c'est tout.
Des pas dans le couloir, un femme entre dans la pièce, et interpelle la jeune femme au bébé qui se lève. "Bonjour X, comment allez vous?? OOOOhhhh , qu'est-ce qu'il a grandis... il est beau... Bbbbonjjjourrrr toi... commmentttt vaaaa tuu???. Je detourne le regard, ne voulant pas etre pris en flagrant délit de voyeurisme. Cachant mon sourire béat davant ce petit bout d'homme qui m'attendrit moi aussi.
La femme à l'enfant suit le medecin.
Quelques secondes plus tard, la sonnerie de l'interphone retentit dans la piece. Signe qu'un autre client vient de sonner à la porte. .... Des bruits de pas dans l'esalier, la porte qui s'ouvre, des talons qui claquent le long du couloir, et une femme surgit dans la salle d'attente.
-Bonjour messieurs-dames.
Elle s'assied, elle est toute de noir vetue!! quelle tristesse dans les couleurs.... AH!!! non, il y a une touche de blanc... Un kleenex en fait, qu'elle tient serré dans sa main.
Je la regarde plus attentivement. Je vois qu'elle a les yeux bouffis, rougis..
Elle s'adresse alors à la dame qui restait dans la salle d'attente:
-Bonjour --------, ça va? vous avez rendez vous?
-Non, je suis venue comme ça.
-Moi aussi, je n'ai pas rendez-vous, mais je n'en peut plus. Je suis venue. Je n'ai pas rendez-vous, mais j'attendrai!!! j'attendrai que le Dr X en ai fini avec ses rendez-vous pour le voir. J'ai tout mon temps, et il faut que je le vois... D'ailleurs, il fait meilleurs ici que dehors... Pas vrai??, j'ai tout mon temps,mais il faut que je le vois aujourd'hui...........
Elle est mal. Elle a mal, ça se voit...
Je regarde ailleurs pour ne pas la gener, et surtout pour ne pas me gener. Je regarde par la fenêtre...
Il n'y a rien a voir mais c'est mieux que de regarder la détresse des inconnues qui m'entourent.
Soudain, un hoquet retentit....
C'est elle. C'est cette femme.
Elle se leve, la levre tremblante, elles se precipite hors de la piece et ses pas la conduisent vers les toilettes adjacents.
J'entends, derriere le mur, des sanglots qui s'epanchent.... des larmes roulent, et un bruit de naseaux que l'on mouche. En voulant nous epargner la vision de sa douleur, elle nous la livre dans toute sa sonorité. Elle ne veut pas que l'on voit a quel point elle est mal, mais on n'entend que ça.
Elle revient, et se rassied, comme si de rien n'etait. Personne n'est dupe, mais tout le monde fait comme si....
13h50. qu'est ce que je fais ici? au milieu de ces gens qui sont vraiment dans la detresse. Suis-je vraiment comme ça? est ce que je suis à ce point transparent. Voit -on que je suis si mal en point?
14h00, des pas retentissent dans le couloir.
La femme qui est venu chercher la dame à l'enfant entre à nouveau dans la piéce et lance :" Monsieur P.....? "
Je me leve en marmonnat: "oui, c'est moi."
Je la suis le long des couloirs, et j'entre à sa suite dans son cabinet.
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Il est mainteant 23h, je suis assis devant mon Portable à raconter ma journée. A coté de moi, un verre à moitié rempli de vin rouge. Un bon cru, je le sais, mais je ne ne le sens plus. Je sais seulement que c'est de l'alcool. Un bon reméde, un bon reconfortant à ce que j'ai appris de ma journée, de ce rendez-vous chez le psy.
Il est 23h, et j'ai envie de me raconter.
De raconter ma vie depuis que je suis seropo, de raconter ma vie avec l'homme que j'ai aimé, que j'aime, et qui ne m'aime plus depuis 9 mois.
A raconter ma vie depuis, ma fuite en avant, mes vacances de perditions a sitges, mes histoires de cul, de coeur, de vie.
Ma decision de tout plaquer, et de recommencer ailleurs, de rencontrer de nouvelles personnes, et puis de les planter la... a nouveau. J'ai envie de raconter tout ça, jusqu'a cette entrevue cette apres midi chez mon nouveau psy.
Oui, j'ai envie de raconter tout ce qui m'est arrivé depuis un an, mais je suis trop saoul pour le faire maintenant.
alors, je vais aller me coucher, et essayer d'oublier..... Jusqu'a demain, jusqu'a ce que je me leve.
Alors, je reviendrai ici, et j'essairai de tout raconter. Tout...; Dans les moindres details, pour comprendre pourquoi j'en suis la, aujourd'hui, un peu perdu, a vouloir tout vous raconter.
J'essaierai... promis...j'essaierai.
A demain. Ou plus tard si je n'ai pas le courage.
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