Mercredi, j'ai vaguement écris un post sur mon premier rendez-vous avec mon psy. Qui dit nouveau départ dans une nouvelle vie, dans une nouvelle ville, dis nouveau psy pour n'épancher et essayer de comprendre pourquoi ce nouveau départ ne se fait pas sans mal. C'est peu dire....
enfin bref, je terminais le post en disant que j'étais saoul. En effet, je me suis lamentablement bourré la gueule... seul... chez moi. Glauque non???
Un verre en entraînant un autre, je me suis sifflé la bouteille de rouge. Larve pathétique que je suis.
C'est la première fois que je bois seul!! ça s'arrose...
Toujours est-il qu'ayant brumeusement décidé de mettre fin à cette sordide soirée, je m'accorde le droit d'aller me coucher quand mon téléphone s'est mis à sonner.... Et j'ai décroché...
Ça n'a l'air de rien en soit, mais c'est un exploit. Il faut dire que ça fait à peut près un mois que je ne répond plus au téléphone et que je ne vois personne. Monsieur déprime, alors monsieur joue l'ermite.
Ça a commencé comme ça, sans prévenir. Un matin, je n'ai pas eu envie de me lever. Trop mal. Trop envie de retourner m'enfuir dans un sommeil si réconfortant, qui permet d'oublier et de ne pas penser.
Je ne me suis pas levé. L'engrenage était lancé.
Journées longues et vides à traîner devant la télé, à chercher les pires programmes pour me laver le cerveau en buvant du coca. Bouquinant sans passion, mangeant sans faim, vivant sans appétit.
Attendant les nuits, non moins longues, et encore plus propices à mes angoisses. Insomnies ou je me replongeais dans le refuge de mon passé, de mes jours heureux qui me font pleurer parce que perdus.
Je ne sortais que pour aller chercher mes clopes et de la bouffe. Un mois que je ne vis plus. Je suis hors du temps. Le téléphone sonne, Les amis que je me suis si rapidement fait en arrivant ici s'inquiétant de ne plus avoir de nouvelles, Mes vieux amis me laissant des messages pour savoir comment se passait mon nouveau départ. (super, on peut pas rêver mieux!!!!!) Autant de messages sans réponses. Pas envie de parler, pas envie de leur imposer ma médiocrité, mon manque de volonté, mon échec dans ma tentative désespérée de reconstruction.
Et ça dure depuis un mois.
Et puis il a fallu que je décroche ce téléphone! au bout d'un mois, et pile le soir ou j'avais picolé.
-Mouais?
-(...) Allô? Fabien??
-Mouais?
-Putain, puisque t'as pas l'air d'être mort, j'espère pour toi que t'as une bonne raison de pas avoir décroché ton putain de téléphone depuis un mois!!!!
-(...) Bonjjjsoir P. ...euh... au ffait: bonanée!!
-(...gros silence...) Bonne année??? bonne année??? On est le 26 janvier et tu me souhaite bonne année?? Putain, depuis un mois je t'appelle pour te te la souhaiter bonne cette putain d'année!! Et tu décroche aujourd'hui comme une fleur, et tout ce que tu trouve à dire c'est bonne année?????? Tu sais que j'étais à deux doigts de monter dans ma bagnole et de venir à montpellier voir ce qui se passait? Au cas ou ça t'intéresse, j'étais quand même un peu mort d'inquiétude...p'tit con.
Oui, alors il faut que je précise qui est P.
P. est mon cousin. Enfin quand je dis mon cousin, c'est un raccourcis pour dire que c'est le petit fils de la nièce de la tante de ma grand mère. nous, on préfère dire cousin, c'est plus pratique. Et puis ce qui nous à rapproché, à défaut de l'étroitesse de nos liens de parentés, c'est qu'on est du même âge, que l'on est allé tous les deux dans le même lycée,qu'on a fait la fac dans la même ville et qu'on est les deux pédes de la famille. Ça resserre les liens...
Nos chemins se sont un peu séparés après la fac, chacun vivant sa vie avec son (ses) hommes: lui à Tours, et moi à Paris.
La vie nous a à nouveau rapproché quand il s'est séparé de son "mari" et est rentré en fils prodigue chez maman au pays natal, un peu brisé,déprimé. Quelques temps plus tard, c'était mon tour. Après ma séparation d'avec J., et mes quelques mois d'errances, je suis aussi rentré au pays natal, partager avec mes parents ma difficile condition de divorcé et de séropo (Cf un post précèdent).
On s'est donc retrouvé comme deux paumés dans notre ville d'enfance. Compteurs à zéro. Dur retour en arrière. Comme il avait pris de l'avance sur moi (Ça faisait déjà quelques mois qu'il était rentré chez sa mère), sa souffrance s'était quelque peu apaisée par rapport à la mienne toujours à vif.
Je lui ai fait part de mon envie de partir m'installer dans le sud pour essayer de reconstruire quelque chose ailleurs. Il m'a dit qu'il avait aussi l'intention de se barrer: aucune envie de rester la!! Il ne trouvait pas de boulot, et il avait envie de reprendre ses études. Moi, je suis venu m'installer à Monptellier, et lui à Perpignan.
Précisions sur P. terminées. Retour sur ce coup de téléphone.
- Tu sais que j'étais à deux doigts de monter dans ma bagnole et de venir à montpellier voir ce qui se passait? Au cas ou ça t'intéresse, j'étais quand même un peu mort d'inquiétude...p'tit con.
-(...)
-Ben alors??? Surtout répond pas!!
Je ne sais pas quoi lui dire. Tout ce que je trouve à répondre, c'est un: "...Je suis désolé..." d'une voix pâteuse. De l'entendre m'engueuler parce qu'il s'est fait du soucis pour moi me mets mal à l'aise,... et j'ai honte.
Après un silence de quelques secondes ou il semble m'analyser rien qu'a ma respiration, il me dit:
-Pas grave, t'es pas mort c'est le principal....p'tit con.(...) Mais toi, t'es saoul, ça s'entend. T'es tout seul?
-Oui.
-Ça va pas hein?
-Non
-Tu veux en parler?
-Écoute,..., non... j'ai un peu déconné, mais ça ira mieux demain. Je t'assure.
-mouais... tu sors un peu ces derniers temps?
Dans le mille. Mais comment il fait taper juste comme ça??
-Ben non, j'ai un peu déconnecté ces derniers temps.
-T'as un peu déconnecté??? Ben un peu beaucoup pour en arriver à se bourrer tout seul.
-Ouais, je sais!!
-Ben si tu sais alors...tout va bien!
-(...)
-Qu'est ce que tu as bu?
-Du rouge
-Quoi comme rouge?
Je regarde l'étiquette.
-Du Saint-Emilion.
-Quelle année?
Je regarde l'étiquette.
-95
-Bon, ça va. Ça aurait pu être pire.
-pff, t'es con. (je réprime un sourire)
-Ben comme ça on est deux.
-MMmmm
-Tu fais quoi la semaine prochaine?
-Bah rien
-Tu viens quelques jours à Perpignan?
-Ok
-Parfait, je t'attends à la maison en début de semaine.
-Ok
-Bon aller, je vais me coucher.
-Mouais, moi aussi
-Bises, à la semaine prochaine.
-Bises,bonne nuit... et merci.
-C'est ça, c'est ça...
Et il a raccroché!!!
Et j'ai esquissé un sourire.
Il arrive que certains jours on se trouve lamentable, et qu'on fasse n'importe quoi. Il arrive même que ces jours là durent puisqu'un mois. On se déteste, on sombre un peu, on baisse les bras devant l'ampleur du travail à accomplir pour se remettre à flot; et puis un coup de fil tombe à pic, il vous arrache un sourire alors qu'on se croyait au plus bas. Si j'arrive à sourire c'est que tout n'est peut être pas perdu.
Je suis allé me coucher en me disant que c'était la première et dernière fois que je me saoulais tout seul. j'espère.
Mardi, je pars à Perpignan deux/troisjours...je vais voir un ami qui ne juge pas.... Merci P.
A la tienne...
je ne me permettrai pas de commenter le reste, mais je voudrais placer une seule remarque : ne bois plus jamais seul. résister à cette tentation, c'est refuser de tomber et garder une (certaine ?) maitrise de la réalité.
et tu as tout à fait le droit de me détester pour cette remarque.
Rédigé par : wam | lundi 31 janvier 2005 à 14:10
Moi je vois pas ce qu'il y a de mal à boire seul.
Y'a des gens qui fument seul aussi, un peu de ceci, un peu de cela, et ils ne sont pas déphasés pour autant.
Après, c'est une question de quantité, de régularité, et comment on se conduit avec les autres, mais en soi, a priori, ça ne me choque pas plus que ça.
Y'a des choses + graves.
Et puis y'a des gens qui ne boivent pas du tout, et qui n'ont pas une meilleure "maîtrise de la réalité" pour autant....
Rédigé par : b | lundi 31 janvier 2005 à 15:27
La dépression est une maladie qui se soigne comme les autres avec des traitements redoutablement efficaces. Pas la peine de souffrir inutilement. Le mieux c'est d'associer les médoc avec une psychothérapie car au bout d'un certain temps tu auras marre de les prendre. Sinon ce n'est pas plus honteux de picoler tt seul que de cloper ou fumer des pétards tout seul.
lunatix
Rédigé par : lunatix | lundi 31 janvier 2005 à 18:44
b> tu ne vois pas ? c'est simple, cela implique que les premières étapes de l'alcoolisme sont franchies. celles qu'on ne voit pas, dont on ne se rend pas compte, pour lesquelles on trouve une tonne d'excuses à la con. je me suis permis ce commentaire, car je suis alcoolique, sans rémission. et l'argument du style "je n'en suis pas encore là" ne tient pas sans bilan hépatique et psychologique.
lunatix> je n'ai pas parlé de honte. et je ne comparerai pas avec le pétard, car l'effet d'addiction de l'alcool est supérieur, bien plus dangereux. le diabète de l'alcoolique en est un exemple.
Rédigé par : wam | mardi 01 février 2005 à 13:06
Quand j'ai eu mon premier appart seul à Paris, je sortais beaucoup et je buvais tout autant. Et puis j'achetai des bouteilles de vodka que je me tapais seul chez moi. Je finissais par terre, des fois sans avoir la force d'aller aux chiottes pour dégueler.
Et j'ai fini par trouver la solution ; ne plus avoir d'alcool chez moi, ne boire que chez les autres ou dans les bars.
Rédigé par : Paumé | mardi 01 février 2005 à 13:32
>On s'est donc retrouvé comme deux paumés
Comment ça deux ? Ha non, pitié, un seul Paumé ça suffit, me dites pas qu'il en existe plusieurs :-)
Olivier
Voilà c'était juste pour détendre un peu l'atmosphère :-) Bisou Paumé.
Rédigé par : XIII | mardi 01 février 2005 à 17:53
paumé a trouvé la bonne solution (ça m'arrange, ce fut la mienne). à ce jour, j'arrive à avoir de l'alcool chez moi sans en boire. quand je suis seul ...
xiii> lol
fabien> porte toi bien !
Rédigé par : wam | mercredi 02 février 2005 à 10:10
vos commentaires m'effrayent un tantinet... pour la très evidente raison qu'ils me jettent ma réalitée au visage.
Rédigé par : Yohann | dimanche 19 avril 2009 à 17:50